insertion économique,
quelle solution de terrain?
Intervenant : Laurent GRANDGUILLAUME, ancien député de la 1ère circonscription de la Côte d’Or. Membre du PS de 1996 à 2017 où il a été notamment n°3 en tant que secrétaire national à l’organisation et aux adhésions.
Le sujet du chômage est un sujet qui a été traité au fil de l’histoire de France.
Turgot, homme politique dans les années 1700, avait créé des ateliers de charité pour les personnes sans emploi (à l’époque, lorsqu’on était sans emploi, on était considéré comme « vagabond » puisqu’on errait de ville en ville). Ces ateliers de charité consistaient à donner des emplois aux individus, et ces emplois ne seraient en concurrence avec aucun autre emploi.
Les utopistes du 19ème siècle (ex. : Louis Blanc) avaient créé des ateliers nationaux dont la mission était de créer des emplois bien que ceux-ci n’ont pas perduré avec le temps.
Il y a toujours eu des initiatives sociales qui ont consisté à tenter d’éradiquer la question du chômage.
L’idée Territoire Zéro Chômeur Longue Durée existe depuis quelques années et a été portée par d’autres organisations de type Emmaüs France, le Pacte civique, APEF, France Handicap, Secours Catholique France, etc. https://www.tzcld.fr/decouvrir-lexperimentation/lassociation-tzcld/
C’est la somme de toutes ces organisations qui ont donné lieu à Territoire Zéro Chômeur de Longue Durée.
Elles ont pris en compte l’impact du chômage longue durée :
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Coûts d’accompagnement des centres communaux
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Dépenses de santé : plus on est dans une situation de chômage de longue durée, plus on aura des frais liés à la santé
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Les coûts de non-recette : en situation de chômage on paye moins d’impôts, de TVA, de taxe, etc.
Le collectif a estimé ces coûts de travail à près de 43 milliards d’euros par an pour les collectivités territoriales.
Ces montants peuvent être mobilisés en partie pour financer des emplois répondant aux besoins des territoires ; par exemple, par la création d’entreprises à but d’emplois autour d’activités ayant disparues dans certains secteurs d’activités.
Par exemple, dans la région de la Nièvre ayant souffert de la désindustrialisation et qui a perdu de nombreux emplois : ils ont procédé à des réunions avec tous les acteurs locaux (associations, élus, artisans, entrepreneurs, chômeurs) autour d’un collectif pour créer un comité local. Ils ont mené des discussions durant deux ans sur les emplois détruits, demandant aux personnes privées d’emploi vers quels types de métiers et d’activités elles souhaitaient s’oriente, cela tenant compte des besoins et du contexte de la collectivité.
Ce qui a permis la création :
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d’une entreprise sur le maraichage, en recyclant les anciens jardins ouvriers pour les cultiver à nouveau.
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d’une entreprise de ressourcerie récupérant l’électroménager usager dans l’objectif de le réparer et le revendre à moindre coûts.
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des ateliers de réparation de vélos pour favoriser la mobilité.
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d’un atelier pour le traitement du bois en récupérant le bois usagé qui a été revendu au Secours Catholique, pour le revendre ensuite aux personnes frappées par la précarité énergétique (cette entreprise compte plus de 20 personnes).
Toutes ces activités ont contribué à former la première entreprise du territoire avec plus de 100 salariés aujourd’hui dans la Nièvre.
En plus d’un impact en termes de création d’emplois, cette initiative a eu des impacts économiques, sociaux et écologiques.
Aujourd’hui, il y a plus de 10 villes avec le même type de projets à Bron, Tourcoing, Paris XIII, Colombelle, etc.
Grâce à cette initiative, 950 personnes ont été embauchées en CDI durant 3 ans et dont 1/4 des personnes sont en situation de handicap.
Cette initiative peut être déployée dans tous les secteurs, car tous les secteurs ne pourront pas disparaitre avec la digitalisation qui guette de nombreux métiers.
En effet de nombreux secteurs nécessitent de la main d’œuvre de manière pérenne.
Ils ont évalué le coût d’un SMIC à 20 000 €/emploi/an.
Bien que cette initiative ne soit pas complètement rentable, le chiffre d’affaires moyen généré par ETP (équivalent temps plein) a pu être augmenté de 3000 à 5000 €.
Proposition : il est impératif d’adapter l’emploi à la personne, notamment pour la personne en situation de handicap (en partant de ce que veulent faire les personnes et non l’inverse).
Ils cherchent toujours à toucher plus de personnes en situation de chômage dans ces territoires, idéalement jusqu’à atteindre la totalité d’entre elles.
TZCLD touche les personnes qui ont eu des périodes de chômage de longue durée, mais va également chercher les personnes plus éloignées qui ont eu, en outre, des maladies psychiques (burn-out, personnes ayant des addictions…).
Proposition : apporter des solutions pour (et avec) toutes les personnes ignorées du système de manière à les inclure plutôt que produire des solutions imaginées dans les bureaux et qui n’intègrent pas les personnes concernées (ex. : contrat emploi aidé dans l’actuel quinquennat). Identifier les projets adaptés aux communes, à leur culture, à leur histoire, leur échelle.
Aujourd’hui, 119 territoires sont mobilisés pour travailler sur une loi avec un comité local qui étende le projet pour passer de 10 à 100 territoires.
Proposition : l’idée, à terme, serait de créer une loi qui soit un droit à l’emploi pour tous, un droit réel et pas théorique et qui oblige à inventer des solutions réelles à l’échelle des territoires.
Cette mesure viendrait en plus de l’assurance chômage.
Leur initiative a déjà permis de créer près de 1000 emplois et a été auditée et évaluée par près de quatre organismes : le Ministère du Travail, l’IGF, L’IGAS, la DARES. Cela démontre l’intérêt à haut niveau.
A l’échelle européenne, des contacts sont établis avec les partenaires sociaux qui souhaitent expérimenter le projet, notamment en Belgique. Caritas en Suisse est intéressée. Des contacts également ont été pris au Luxembourg et en Espagne.
Grâce à la cartographie du chômage en France et dans les territoires, ils arrivent à identifier les causes réelles du chômage : celles des personnes en situation de handicap, des discriminations (notamment dans la région de Bron), des problèmes de mobilité (personnes sans permis, transports insuffisants, etc.).
En conclusion, le projet avance ; cependant, il n’avance pas aussi vite qu’il le devrait car il fait face à des oppositions, même si TZCLD dispose du soutien parlementaire de 210 membres de l’Assemblée Nationale de tous bords politiques : LREM, PS, LR, France Insoumise, etc.
Rédigé par Joly Andres
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