Samedi 26 août Régis Passerieux, secrétaire général de Refondation, clôturait l’université d’été de la Sainte-Baume, organisée chaque année par le diocèse de Toulon-Fréjus, par une table ronde politique où il était confronté à Christophe Billan, Président de Sens Commun et Djordje Kuzmanovic, membre du Bureau National et Secrétaire international des Insoumis de Jean-Luc Melenchon. Le débat, animé par Pierre Jova, journaliste à Familles Chrétiennes abordait le thème de l’université : « Faut-il se libérer du libéralisme? »
Cette première apparition publique de Refondation, sans être polémique, allait permettre de clairement faire comprendre le positionnement nouveau que va occuper le mouvement Refondation dans la vie politique française. Alors que le président de Sens Commun confirmait son engagement dans Les Républicains, sous un angle de rentrée plutôt sobre et « low profile », tant sur l’économie que, de manière plus surprenante, sur le sociétal, et que Kuzmanovic martelait la volonté de rupture avec le libéralisme de marché des Insoumis, le Secrétaire Général de Refondation insistait sur un constat sans concession de l’état de la France et du monde: une société riche dans laquelle la marchandisation de tout, la perte des repères et du sens, l’incapacité des politiques à apporter des réponses aux ruptures nouvelles, et la violence du système économique et financier, plongeaient des pans de plus en plus larges de la société dans un triptyque croissant de solitude, de servitude, et d’ incertitude. Quant aux élites, égoïstes, elles paraissent de plus en plus éloignées, protégées et désintéressées au Bien commun et à la restauration d’un récit collectif. A cela, les forces politiques françaises apportent les mauvaises réponses: identitaires avec le Front National; de molle conformation au monde avec Les Républicains et le Parti Socialiste, ou d’adaptation aux « systèmes du monde » avec le nouvelle majorité d’En Marche.
Pour Régis Passerieux Sens Commun et Les Insoumis, avec toute leur sincérité, n’ont pas non plus trouvé le bon chemin: ni l’un, ni l’autre n’ont compris que le libéralisme économique sauvage, qui dissout la société et atomise l’individu, et le libéralisme culturel et sociétal, vont de pair. Sans espace de dons, de gratuité, sans liens, sans repères, l’économie de marché ne sert plus l’individu mais le domine, et le fragmente. Il faut proposer un modèle économique et social global, positif, appuyé sur les communautés de projets, enraciné dans des fidélités et un sens de l’engagement. Si cette proposition n’est pas globale, alors la lutte pour des racines et des repères devient moralisatrice, archaïque, reliée à l’égoïsme social et à l’injustice. C’est le risque que subit Sens Commun. A l’inverse, dans leur modèle quantativiste et matérialiste, les Insoumis basculent non seulement dans de vieilles références, décalées par rapport au monde et dangereuses dans leurs solutions, et replient la France dans une sorte de rage intérieure. Mais au delà les amis de Jean-Luc Melenchon font, tout autant que les libéraux, de l’homme un consommateur de sa vie, jusqu’à la banalisation de l’euthanasie: lourde contradiction.
De ces mauvaises solutions, ne peut naître que l’amertume, et de nouvelles désillusions. Le chemin de Refondation, esquissé par Régis Passerieux et qui sera présenté les 18 et 19 novembre aux premières journées de la Refondation, est celui d’un projet positif, ouvert sur le monde, entrepreneurial mais qui ne concède rien à l’enracinement, la justice, le sens de l’engagement, les repères. Il s’appuie sur les communautés de projet et non pas sur la vision d’un Etat qui balaie les liens mais d’un Etat qui au contraire relaie les communautés de projet.
La fin du jacobinisme libéral et sociétal en quelque sorte.