Ci-dessous la tribune co-signée par Patrick Tivollier, président de REFONDATION pour dire #NonAuxChimères
Après le non du Sénat aux chimères animal-homme, l’appel en faveur d’une loi référendaire.
Non aux chimères dans la Loi de Bioéthique !
Appel au Référendum d’Initiative Partagée.
Plus de trois ans après le début des états généraux, la loi de bioéthique a été examinée en deuxième lecture au Sénat. Le processus législatif est suffisamment avancé pour que nous puissions entrevoir les ultimes rebondissements de cette œuvre de longue haleine dans laquelle l’exécutif a joué la carte du temps long et de l’espoir de dilution de l’opposition.
En première lecture, il y a un an, le Sénat a réécrit l’essentiel du projet de loi transgressif voté par l’Assemblée dont l’ambition, au-delà de la mesure phare de la PMA excluant le père, est de donner un cadre légal au juteux business de la procréation.
Le texte en examen cette semaine, issu de la navette parlementaire, a été à nouveau réécrit en juillet dernier par la seconde lecture de l’Assemblée qui en a confirmé toutes les dérives : possibilité de créer des orphelins de père dans une filiation impossible remboursée par la sécurité sociale, régulation de la recherche sur l’embryon, autoconservation des ovocytes etc. L’Assemblée a, de plus, introduit la possibilité de concevoir des embryons chimériques animal-homme.
Bien que rejetée mercredi par le Sénat, cette dernière mesure a toutes chances d’être adoptée par la commission mixte paritaire qui aura la mission ultime de concilier les deux versions du texte : celle issue du Sénat avec celle issue de l’Assemblée, l’Assemblée ayant le dernier mot en cas de désaccord.
La possibilité réelle de créer des chimères animal-homme aux fins d’une …chimérique fabrication de greffons humains chez le porc n’avait pas été discutée lors des Etats généraux de la bioéthique. Elle ne figurait pas non plus dans le projet initial du gouvernement puisqu’elle a été introduite par des amendements des rapporteurs en séance. On essaie de comprendre la raison d’une telle proposition alors que les chercheurs français ne se distinguèrent pas vraiment dans ce curieux domaine qui n’a que peu d’intérêt scientifique. C’est l’exploitation des propriétés des cellules souches pluripotentes, cellules souches embryonnaires (1998) et cellules souches pluripotentes induites (iPS)(2006) , suivie de la découverte de la nucléase bactérienne CRISPR-Cas9 permettant des manipulations génétiques ciblées dans les embryons qui a provoqué aux Etats Unis et au Japon ce curieux engouement dans la « complémentation de blastocyste » appliquée au porc . Ce procédé permettrait théoriquement, à partir de cellules souches pluripotentes humaines, de faire croitre des organes humains chez des mammifères de grande taille comme le porc ou le singe.
A rebours de toute considération écologique de respect de la nature et d’instrumentalisation de l’animal, ce procédé consisterait à injecter des cellules souches pluripotentes humaines dans un embryon de porc arrivé au stade qui précède l’implantation utérine. Cet embryon aurait été au préalable manipulé génétiquement afin d’inhiber le développement chez le futur animal de l’organe visé – rein en particulier, mais aussi foie ou cœur. Les cellules souches pluripotentes humaines injectées dans l’embryon pourraient se développer dans la « niche » laissée vide par l’absence de développement de l’organe visé, et former cet organe qui serait alors humain. Ce procédé a donné des résultats en laboratoire dans des chimères rat-souris mais le passage aux chimères porc-homme s’est révélé un échec. Elles peuvent se disséminer dans un organisme mais il leur est difficile de former un véritable organe.
En admettant que l’on puisse un jour développer des organes humains chez le porc, ce qui parait assez utopique aujourd’hui, une telle manœuvre poserait de sérieux problèmes éthiques :
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rejet incontrôlable de la greffe car les organes « humains » créés chez le porc contiendront des cellules de porc au niveau des vaisseaux et des nerfs de l’organe
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risque de zoonose (maladie infectieuse d’origine animale) par passage de virus endogènes porcins du porc à l’homme greffé. L’épidémie actuelle du SARS-Cov.2 nous montre ce que peut donner une telle zoonose.
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humanisation de l’animal par passage de cellules souches pluripotentes humaines dans les différents tissus et organes du porc. Le passage dans le cerveau et dans la lignée des cellules reproductrices (ovule et spermatozoïde) de l’animal en développement serait particulièrement mal venu. Ces animaux acquerront-ils des niveaux humains de rationalité ? » (H.Evans). Ce chimérisme affecterait-il l’évaluation du statut moral de l’animal, par rapport à notre propre statut ? Qu’en sera-t-il de la production de spermatozoïdes ou d’ovocytes humains chez le verrat ou la truie chimérique ? Aboutirons – nous à la production d’embryons hybrides porc-homme à la faveur des accouplements de ces animaux ? Ces éventualités seraient certainement exceptionnelles, mais elles suffisent à interdire moralement, anthropologiquement et socialement la pratique du chimérisme animalhomme.
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entrée dans la pente glissante de l’instrumentalisation de l’animal pour satisfaire nos désirs, au mépris de l’animal et de l’homme. Qui empêchera certains chercheurs d’aller toujours plus en avant dans leurs explorations le jour où ils auront la possibilité et le droit de réaliser une humanisation de l’animal par chimérisme animal-homme ? La pente glissante prise aujourd’hui par l’assistance médicale à la procréation vers la création d’« enfants parfaits » ou d’ « enfants augmentés » devrait pourtant nous rendre prudent dans le franchissement délibéré et insensé des barrières éthiques, à commencer par la barrière inter espèces.
Afin de ne pas laisser s’instaurer un tel dévoiement de la bioéthique, nous, signataires de cette tribune, appelons les Parlementaires à s’insurger contre l’inscription de la bioéthique française dans ce scénario de science-fiction et à initier un Référendum d’Initiative Partagée pour contrer ces transgressions majeures.
Dr Pascale Morinière (Présidente des Associations Familiales Catholiques)
Françoise Caron (Présidente des Associations familiales Protestantes)
Pr Guillaume Drago (Président de l’Institut Famille et République)
Pr Dominique Bourg (Ancien président du conseil scientifique de la Fondation Nicolas Hulot)
Franck Meyer (Président du Comité Protestant évangélique pour la Dignité Humaine)